Interview de Gilles Boeuf : « Il n’est jamais trop tard pour bien faire, et surtout beaucoup trop tard pour être pessimiste ! »

Pour annoncer et promouvoir la conférence intitulée « L’humain dans le vivant » qui aura lieu le vendredi 16 septembre à 18h00 à l’IMT Mines Albi (lien d'inscription en fin d'article), le Pôle Territorial a organisé une interview de Gilles Boeuf, Biologiste, ancien président du Museum National d’Histoire Naturelle.
Retrouvez ci-dessous quelques morceaux choisis de cette interview dans laquelle il nous livre sous forme de "teasing" un premier éclairage sur les enjeux de biodiversité et où il nous invite à mieux prendre en compte la nature dans le combat en faveur de la transition écologique !

Comment décririez-vous la situation dans laquelle nous sommes vis-à-vis de la biodiversité ?

"Aujourd’hui, on vit un effondrement du nombre d’individus dans les populations vivantes sauvages et une explosion du « domestique » : il y a trop de poulets, vaches, cochons… Et puis tout est dans l’accélération des process. Il a toujours eu du vivant qui arrivait et qui partait, mais là aujourd’hui on est sur des niveaux à peu près 100 à 1000 fois plus élevés que ce que l’on vivait lorsqu’il n’y avait pas d’activités humaines."

Au regard de l'actualité estivale et de ses événements climatiques majeurs, quels liens faites-vous avec la nature et son rôle dans ce combat pour le climat ? Pourquoi est-il encore si difficile de prendre en compte sérieusement ce sujet ?

« Si le climat change, mais que sur la terre il n’y a plus de vie, qu’est ce que l’on sen fout ! Il est évident que de parler du climat sans parler du vivant n’a pas de sens, d’ailleurs le Groupe d'experts Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat (GIEC) s’en rend compte, puisque les trois derniers rapports du GIEC intègrent une grosse partie concernant les impacts du changement climatique sur le vivant.
Ce que l’on oublie souvent, c’est que bien sûr le climat affecte le vivant directement – regardez comment sont aujourd’hui nos champs de maïs et de tournesol – mais surtout le vivant qui s’en va affecte le climat en retour. Si on enlève la forêt, il n’y a plus d’arbres, s’il n’y a plus d’arbres, il n’y a pas de pluie et sans pluie il n’y a plus d’agriculture.
C’est donc très important de lier les deux, quand on parle du climat aujourd’hui il faut vraiment que l’on parle aussi du vivant. Il n’y a pas que le carbone, il n’y a pas que l’élévation de la température, il y a aussi l’état de la biodiversité.
Enfin, tout cela vient aussi du fait que les gens ont la trouille du changement climatique, mais que les gens n’ont pas la trouille des espèces qui s’en vont, or cela va être largement aussi important ! »

Les indicateurs sur l’état de la biodiversité ne sont pas bons et vous l’avez dit on observe une accélération des phénomènes, alors est-ce qu’il est encore temps d’agir ?

« Il n’est jamais trop tard pour bien faire, et puis surtout il est beaucoup trop tard pour être pessimiste ; il fallait l’être il y a 30 ou 40 ans, mais plus maintenant ! Et puis on dégoute nos jeunes, on les désespère. Lorsque j’interviens aujourd’hui, il est clair que la mesure des mots est très importante. Il faut donner de l’envie, de l’émerveillement et de la beauté. Alors certes, la situation n’est vraiment pas bonne, mais maintenant ce n’est pas une raison pour baisser les bras.
Il y a deux aspects à prendre en compte. Tout d’abord nous sommes 8 milliards d’humains, alors que nous étions 2 milliards en 1940 ; cette démographie de l’humain est donc à prendre en considération. Et puis il y a l’exploitation des ressources, l’artificialisation des sols, la destruction des écosystèmes, les problèmes liés à la contamination et la pollution, la surexploitation comme la pêche maritime et la forêt tropicale humide, la dissémination des espèces puisque l’on transporte tout partout, et le climat qui change trop vite… Tout cela mis bout à bout ça fait beaucoup ! Mais si on arrive à concevoir des activités qui ne vont plus dans ce sens, alors ça va s’arranger. Le vivant a une certaine capacité à résilier. Mais n’oubliez jamais une chose ; on ne peut pas résilier si on est mort ! ».

Si cela vous a donné envie de rencontrer et d'entendre Gilles Boeuf "en vrai", alors ne tardez plus à vous inscrire à la conférence du 16 septembre à 18h00 à l'IMT Mines Albi (événement ouvert à tous et gratuit).
Attention, le nombre de place est limité ! Pour s’inscrire :  https://my.weezevent.com/conference-gilles-boeuf
Participez ou organisez un covoiturage grâce à la plateforme togetzer : https://www.togetzer.com/covoiturage-evenement/uhxny3